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L’ortie, brûlante amie

Souvent méconnue et injustement négligée, l'ortie se révèle être une plante aux multiples facettes, bien loin de l'image négative que lui confèrent ses piqûres désagréables. Riche en nutriments, en minéraux et en propriétés anti-inflammatoires, cette plante robuste est bien plus qu'une simple mauvaise herbe.


Quand une belle plante se prénomme Urtica, on se doute que la rencontre ne sera pas agréable. Mais avec la grande ortie dioïque, on aurait tort de s’arrêter au premier contact. Son nom Urtica vient du latin urere, brûler. Ses tiges et ses feuilles grossièrement dentelées sont recouvertes de petits poils creux qui répandent en se cassant de l’acide formique (oui, comme les fourmis!) et de l’histamine. Un dixième de milligramme de ces substances suffit à causer une brûlure. L’effet urticant de l’ortie disparaît lorsqu’elle est séchée, cuite ou coupée en petits morceaux.



L'ortie, plante merveilleuse, aux multiples facettes (photo C. Roggen-Crausaz).

Mal-aimée à cause des douleurs qu’elle cause, l’ortie nous talonne pourtant jusqu’au plus élevé des alpages. Partout où l’homme laisse traîner ses débris, déchets, treillis ou tuiles, cette plante vivace (50 à 120 cm de haut) prend pied, comme si elle voulait assainir l’endroit. En effet, l’ortie a le pouvoir de nettoyer et de reminéraliser le sol.


Un excellent dépuratif

Ce que l’ortie fait pour la terre, elle le fait aussi dans notre corps. Excellent dépuratif, elle débarrasse l’organisme des toxines et de l’acide urique. De ce fait, elle est efficace contre les rhumatismes, la goutte et les maladies cutanées. Son taux élevé de fer agit en cas d’anémie et favorise la formation de globules rouges. De nos jours, on reconnaît aussi l’effet bénéfique de la racine d’ortie chez les hommes souffrant de légers problèmes de prostate. On fabrique même des lotions capillaires et des shampoings à base d’ortie pour prévenir la chute des cheveux.


Se rouler dans les orties, ou se flageller le dos d’orties fraîches? Ce n’est pas un plaisir masochiste, mais un remède populaire contre les douleurs articulaires et les rhumatismes. Cette technique fait partie des méthodes de «thérapie humorale», comme l’application de ventouses ou de cataplasmes, qui soulagent par une stimulation de l’irrigation sanguine de la zone touchée. Promis, la sensation de piqûre d’ortie disparaît après 2 à 3 jours…

Plante médicinale importante, l’ortie a été étudiée dès l’Antiquité par le médecin grec Dioscoride. Elle contient notamment de la chlorophylle, des vitamines A et C, ainsi qu’une série de minéraux: du fer, du magnésium, de la silice, du sodium, de potassium et du calcium.


Retrouvez les conseils d'utilisation de l'ortie en phytothérapie dans le livre Les secrets du druide – Voyage dans l’herbier médicinal de Claude Roggen, publié aux Editions du Bois Carré et en vente dans les drogueries Roggen et sur notre boutique en ligne.

Si on dit de l’ortie qu’elle est dioïque (littéralement «deux maisons»), c’est parce que certains plants portent des fleurs mâles et d’autres des fleurs femelles. Leur fécondation se fait par le vent et non par les insectes – même si l’ortie sert d’habitat à divers insectes, dont des papillons qui viennent y pondre leurs œufs. Les inflorescences forment des grappes ramifiées de couleur claire. Avec un peu de patience, on peut observer comment les fleurs mâles, à maturité, émettent une petite bouffée de «fumée»: c’est le pollen qui se répand et vient féconder les fleurs femelles. Celles-ci produisent alors leur semence, de petites graines claires qui font un excellent remède populaire utilisé comme fortifiant.


Pour raffermir la coquille des œufs

A la campagne, l’ortie est de longue date l’amie des paysans. Autrefois, si les poules pondaient des œufs trop fragiles, on leur donnait à picorer de l’ortie cuite ou on mélangeait de l’ortie séchée à leur ration de grain. Les moutons aussi raffolent de l’ortie et savent repérer les coins de pâturage où on l’a fauchée pour la brouter une fois que le soleil l’a séchée.


Les tiges de la grande ortie contiennent des fibres que l’on tissait autrefois, à la façon dont on travaille le lin. Le mot allemand Nessel désigne le fil qu’on utilisait jadis pour tisser ou faire des ficelles. Ainsi les armaillis connaissent-ils le Nesseltuch (tissu en fibre d’ortie extrêmement solide), qui sert à fabriquer les fromages et qu’on voit encore parfois sécher devant certaines laiteries d’alpage.


Au jardin, on peut placer de l’ortie fraîche dans chaque trou avant de mettre en terre des plantons de tomates: vos «pommes d’or» n’en pousseront que mieux. N’oublions pas, enfin, le purin d’ortie – prisé comme engrais et traitement naturel contre les pucerons et les parasites. Il faut faire macérer des orties fraîches deux semaines dans un seau d’eau en plastique, filtrer et diluer un demi-litre de la préparation dans dix litres d’eau. Pulvériser sur les plantes à traiter. C’est efficace… mais épouvantablement nauséabond!


>> Ecouter le podcast du MAG de Radio Fribourg avec Emanuel Roggen, qui parle de l'ortie.

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