Utilisée pour ses effets anti-douleurs, contre la fièvre et en cas de rhumatismes, la reine des prés contient de l’acide salicylique, substance proche de celle que l’on retrouve dans l’aspirine dont le nom est étroitement lié à la plante.
La reine-des-prés doit sans doute son nom à sa taille et à son allure royale. Anciennement appelée «ulmaire», cette grande plante vivace aux inflorescences composées de longs rameaux peut culminer jusqu’à 1,50 m du sol. Ses petites fleurs couleur coquille d’œuf, à cinq pétales, surmontées d’étamines plus longues, scintillent légèrement, comme les étoiles dans la voie lactée. Son odeur envoûtante est reconnaissable entre mille. Les fleurs, les feuilles et les fruits de l’«herbe aux abeilles» servent d’ailleurs à parfumer des desserts.
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Mais, davantage que ses atouts aromatiques, ce sont ses propriétés médicinales qui lui ont valu de monter sur le trône: puissant antidouleur, la reine-des-prés est à l’origine de l’aspirine. Tout comme l’écorce de saule, elle contient de l’acide salicylique qui a servi au développement de l’un des principes actifs les plus utilisés au monde. En baptisant cette molécule de synthèse «aspirine», le chimiste allemand Félix Hoffmann a rendu hommage à la reine-des-prés; celle-ci était aussi appelée «spirée», en référence à la forme de son fruit. Sans sa découverte, commercialisée par Bayer, le saule et la reine-des-prés – que l’on considère tous deux comme les aspirines de la nature – auraient depuis longtemps disparu de la planète, victimes d’une surexploitation certaine.
Elle calme la douleur
Heureusement, on peut toujours contempler la reine-des-prés dans nos prairies. Elle croît de préférence dans des sols marécageux et le long de cours d’eau. Une fois encore, l’observation attentive de la plante nous renseigne sur ses propriétés: cette rosacée qui affectionne les milieux humides est utile en cas de rhumatismes – rappelons que l’humidité, surtout froide, est un facteur prédisposant à cette affection. Celle qu’on appelle aussi la «barbe de chèvre» contient des huiles essentielles, des composants salicylés, des flavonoïdes, des tanins, de la vanilline, de l’acide citrique et tanique. En plus de calmer la douleur, la reine-des-prés est fébrifuge, sudorifique et anti-inflammatoire. Elle a également des propriétés diurétiques.
Son nom latin Filipendula, composé de filium (fil) et pendulus (pendant), fait allusion aux petits bulbes qui pendent de ses racines et qui étaient jadis consommés. Quant au nom ulmaria, il renvoie à la forme de ses feuilles, qui ressemblent à celles de l’orme (ulmus en latin).
Dans la culture celte, les druides considéraient la «belle des prés» comme une des plantes les plus sacrées, au même titre que la menthe et la verveine. Mêlée au bouquet de la mariée, elle portait bonheur au jeune couple. Parions qu’avec le retour de l’attrait pour les fleurs sauvages, cette tradition reviendra au goût du jour.
Ce texte est tiré du livre «Les secrets du druide - Voyage dans l'herbier médicinal de Claude Roggen» (Ed. Bois Carré), pp. 134-137 (en vente dans nos drogueries et sur notre boutique en ligne. Des infos sur l'utilisation de la reine des prés en phytothérapie sont également disponibles dans cet ouvrage.
Découvrez le portrait de la reine-des-prés dans le livre «Les plantes sauvages - Les identifier, les connaître, les utiliser» (Ed. Salamandre), pp. 192-195 (disponible dans nos drogueries et sur notre boutique en ligne).